Il faut qu’on parle de l’inflation

Il est temps de reparler de l’inflation car force est de constater que notre pouvoir d’achat reste sous pression.

En août 2023, l’inflation en France selon l’Insee a atteint 4,8%, une accélération par rapport au moins de juillet (+4,3%).

Les marchés financiers cette année sont obnubilés par la baisse de l’inflation. Les statistiques sont scrutées à la loupe pour déceler le moment où les banques centrales vont « pivoter », c’est-à-dire baisser les taux d’intérêts, ce qui permettra d’inonder à nouveau le monde de liquidités (et donc de faire remonter leurs bonus !).

L’inflation baisse mécaniquement en 2023 car la base de comparaison est élevée

En effet, prenez une baguette de pain coûtant 1 € en 2021. Avec le doublement du prix de la farine de blé en 2022 (invasion russe), elle augmenta à 1,10 € en 2022 soit une inflation de 10%.

Si elle augmente à 1,15 € en 2023, cela signifiera une hausse de prix de 4,5%, soit moins que les 10% de 2022.

Conséquences :

  • La bourse se réjouit : l’inflation baisse donc le pivot arrive. 
  • Le consommateur reste sur sa faim !  

Le prix de la farine de blé a baissé de 30% cette année.  

Quelle est la suite de la l’histoire ? 

  1. Le boulanger repasse à 1,10 € par baguette ? Soit une déflation de 4 % ?
  2. Le boulanger maintient en 2024 son prix à 1,15 € « pour aider le pouvoir d’achat » ? 
  3. Le boulanger augmente à 1,18 € son prix en 2024 (inflation 2,6%) pour «rattraper les hausses des années précédentes» ? 

Vous l’avez compris, nous allons voir le scénario 3.

 

L’inflation (la statistique) baissera mais nous paierons encore plus cher la même baguette.

Les consommateurs, confrontés à cette inflation et rassurés par un marché du travail robuste (taux de chômage en France au plus bas depuis 1982 !) vont continuer à demander des augmentations.  

C’est la boucle inflation – salaire redoutée par les banques centrales : en effet, elle signifie que les entreprises continueront d’augmenter leurs prix pour compenser.

Quel impact sur les taux d’intérêt ?

Les banques centrales ont une « cible » d’inflation autour de 2%. Pour en savoir plus, lisez notre article.  

Tant qu’elles ne sont pas convaincues que l’inflation à moyen terme va se situer autour de la cible, elles maintiendront les taux d’intérêt aux niveaux actuels.

Le risque est de serrer trop fort trop longtemps : vous avez sûrement constaté autour de vous qu’obtenir un prêt immobilier était compliqué (pourquoi ne pas alors renégocier votre assurance emprunteur ?).

Sur les prochains mois, un facteur de hausse de l’inflation sera le prix de l’énergie.

Par exemple, le prix du baril de pétrole est de nouveau au-dessus de 90 dollars, niveau atteint en septembre 2022. Par conséquent, alors que le prix du pétrole contribuait à la baisse de l’inflation en 2023, il pourrait maintenant contribuer à sa hausse.

Dans cet environnement, l’allocation d’un portefeuille doit se préparer à deux scénarii opposés : 

i) la hausse des taux continue, sur fond de réaccélération de l’inflation ; ou bien

ii) les économies rentrent en récession.