Revue de l’année 2022 et perspectives

L’année 2022 a vu deux spectres que l’on croyait disparus resurgir :

  • La guerre en Europe : l’invasion russe de l’Ukraine et conséquemment les pénuries de combustibles fossiles ;
  • Le retour de l’inflation et sa conséquence : la hausse rapide des taux d’intérêt pour la contrer.

Traditionnellement, lorsque l’environnement se détériorait, les investisseurs pouvaient compter sur leurs obligations pour amortir les chocs.

En effet, les obligations ont traditionnellement eu des rendements qui évoluaient sans lien ferme avec les rendements des actions. Quand les actions baissaient, les obligations étaient stables par exemple.

Cependant, 2022 a mis à mal cette « sécurité ». Les obligations ont baissé autant que les actions, quel que soit le niveau de risque des obligations.

Un investisseur ayant choisi un portefeuille avec une allocation prudente n’aura pas protégé son capital.

 

Voici les rendements de plusieurs classes d’actifs en 2022.

Performance des classes d'actifs en 2022
Seul les espèces / fonds en euro ont affiché des rendements positifs avant l’inflation.
 
Faut-il se désoler et abandonner les actions ?
Non, car sur le long terme, c’est le meilleur moyen de valoriser un capital.
Nous avons utilisé les données historiques des actions américaines de 1928 à 2022 (car nous disposons des séries de données les plus longues sur icelles).
1928 est la dernière bonne année avant la Grande Dépression (rendement de 38% en 1928, puis environ -80% en cumulé sur les 5 années suivantes) tandis que les actions américaines finissaient 2022 à -19% : nous ne pouvons donc pas être accusé de choisir nos points d’entrée et de sortie.
 
Malgré ce mauvais « timing », le rendement annuel a été de 5,0% par an.
 
Ci-dessous, voici la fréquence des rendements annuels depuis 1928 : 5% est un rendement moyen sur près de 100 ans sur cette période mais chaque année, les investisseurs sont confrontés à des résultats très différents.
Rendements annuels par fréquence du SP 500 depuis 1928

Quand des périodes de rendements négatifs apparaissent, il est urgent de faire une ou les deux choses suivantes :

  • Rien
  • Investir davantage afin de bénéficier des meilleurs prix.

En effet, souvenons-nous de la période de juin 2022 : l’inflation semblait hors de contrôle, la Russie semblait forcer l’Europe à une crise énergétique jamais vu depuis le premier choc pétrolier, la récession mondiale semblait inévitable.

Aujourd’hui, les pays développés majeurs ont tous affiché une croissance robuste du PIB lors de du second semestre 2022. Le prix du gaz est inférieur au niveau observé avant l’invasion de l’Ukraine (avec des stocks suffisant pour passer cet hiver et le prochain) tandis que les centrales nucléaires d’EDF reviennent en ligne (encore 1,5 GW récemment sur la capacité totale de 61 GW).

 

 

Évidemment, tout n’est pas rose à court terme. Nous voyons deux risques.

  • La bataille contre l’inflation n’est pas gagnée

La transmission de l’inflation à l’économie réelle continue. Nous le voyons dans les revendications salariales, les hausses de prix des biens et services. Cela signifie que les taux d’intérêts pourraient augmenter plus que les attentes des marchés.

Dans ce cas, nous pourrions perdre sur deux tableaux : une baisse des marchés actions et obligations à court-terme et/ou bien une récession à moyen-terme, provoquée par le renchérissement du crédit.

 

  • Les déficits et dettes publiques

Voici la dette publique française rapportée au Produit Intérieur Brut (PIB) :

Dette publique rapportée au PIB France

Dans cette situation, il y a deux possibilités :

  • Le déficit public permet à la croissance d’accélérer si bien que le futur produit des impôts sera suffisant pour rembourser la dette.
  • Les acteurs économiques se rendent compte que les impôts devront augmenter pour payer les dettes. L’investissement baisse, les profits diminuent, la crise devient économique et budgétaire : c’est la déflation et la recette pour un marché baissier.


Dans les prochains mois, alors que l’inflation pourrait se maintenir un peu au-dessus des attentes, nous surveillerons aussi le risque déflationniste.


Cependant, ces risques à court et moyen-terme ne doivent pas faire oublier que les marchés réagissent aux profits créés par les entreprises.

Nous vivons l’époque la plus riche jamais vue, et ce malgré les publications anxiogènes des médias.