Réflexions sur l’énergie, l’Europe et la météo.

Non, l'Europe n'est pas finie.

Ces derniers temps, j’ai eu l’impression qu’une nouvelle catastrophe se produisait chaque semaine : élections italiennes, la livre sterling se négociant comme un bitcoin, Poutine menaçant l’Occident avec des armes nucléaires, les prix de l’énergie montant en flèche, les pannes d’électricité potentielles en Europe cet hiver, et, de surcroît, des rumeurs d’une invasion contre Taïwan. 

Un consensus émerge pour dire que l’Europe est finie. 

Le Financial Times vient de publier un article sur la désindustrialisation à venir de l’Allemagne avec l’exemple de BASF menaçant de « quitter » l’Allemagne.

Je vais vous dire pourquoi je pense que nous ne sommes pas finito.

 

Désindustrialisation » de l'Europe à cause du gaz naturel

Oui, la situation actuelle est difficile.

Oui, c’était clairement une erreur stratégique de ne pas diversifier les ressources de gaz naturel dans le GNL. Cependant, d’un point de vue purement économique, transporter du gaz naturel par gazoducs est toujours moins cher que de liquéfier du gaz, de l’embarquer sur un navire et de le gazéifier à nouveau.

 

Oui, l’Europe paiera clairement le prix de cette erreur stratégique, mais dans 2-3 ans, cela se normalisera.

Pourquoi ? Le GNL est une ressource mondialisée : les prix mondiaux vont s’ajuster partout. 

Les pays qui dépendent du GNL (en particulier l’Asie) voient déjà les prix augmenter en raison de la forte demande européenne. Aux États-Unis, où le gaz domestique est très bon marché, les producteurs de gaz voudront aussi récolter les fruits d’un prix mondial élevé. Ainsi, l’avantage de coût actuel deviendra plus faible au cours des prochaines années et les investisseurs à long terme le savent.

 

Un autre argument qui revient souvent est que vous ne pouvez diriger une « vraie » industrie que si vous possédez également les ressources. 

De nombreux contre-exemples existent : Japon, Corée du Sud, Taïwan… voire Suisse ou Suède. Ces pays se sont enrichis en se concentrant sur des activités à « valeur ajoutée ».

 

Il faut plutôt viser une diversité énergétique, c’est-à-dire « répartir nos paris » et ne pas essayer de s’appuyer sur une seule technologie.

 

Un autre aspect à mentionner ici est qu’en raison de l’inflation, le coût de construction de nouvelles usines a beaucoup augmenté. Ainsi, le cas d’une nouvelle usine chimique dans une zone où les prix du gaz sont bon marché n’est pas aussi simple car les investissements requis sont importants et doivent concurrencer les investissements beaucoup plus faibles de maintenance d’un site de production existant.

 

Donc non, je ne crois pas à la désindustrialisation de l’Europe. Oui, il y aura des changements et certaines activités se déplaceront davantage vers d’autres régions, mais les véritables activités à « valeur ajoutée » ne peuvent pas être déplacées si facilement car elles dépendent beaucoup plus du savoir-faire.